LEQUOTIDIEN : Claerebout, son plus grand combat

Dimanche à Heiderscheid, aux championnats nationaux de trail, David Claerebout avait prévu de se battre pour le titre. Mais c’est pour sa santé que le trailer lutte actuellement.

 

Cette année, ça devait être la bonne. Blessé l’année dernière, il avait dû se contenter de s’aligner sur le 10 km. Mais après une saison exceptionnelle, David Claerebout avait prévu de la parachever en bouclant, enfin, le Trail Uerwersauer. Seulement, le sort en a décidé autrement.
Dimanche, il ne sera pas là pour se tirer la bourre avec son pote Sven Remakel, le tenant du titre avec qui il avait pris la 2e place du Duo Étoile du Mont-Blanc. Il ne sera pas à Heiderscheid : «Ce serait vraiment trop dur.» Mais il est déjà content d’être simplement là.
Tout a commencé il y a un peu moins d’un mois. David Claerebout, qui a remporté quelques semaines plus tôt l’UTML à Echternach avec un nouveau record à la clef (6 h 22’19” pour 75 km), prépare son dernier défi de l’année, le Trail Uerwersauer, qui sert de cadre aux championnats nationaux de la discipline.
Après, de ses propres dires «une saison parfaite», avec les victoires des 48 km du Grand Ballon, des 32 km du Lee Trail ou la 30e place pro à l’OCC dans le cadre de l’UTMB, il espérait terminer en beauté. «Tout était au top. J’étais super confiant dans le fait de pouvoir faire quelque chose de bien à Heiderscheid. Mais tu ne sais jamais ce que la vie te réserve.»
Une sorte d’AVC
Et la vie va lui réserver la plus difficile épreuve qu’il ait jamais traversée. Qui débute par une douleur intense à la tête : «Je ne me suis pas posé trop de questions, j’ai pris un cachet et je suis allé à l’entraînement.»
Simple migraine ? Malheureusement non. Le lendemain, David Claerebout a des difficultés à voir. Sa compagne lui dit d’aller consulter un ophtalmo, lequel l’envoie vers un neurologue. Et, finalement, l’athlète luxembourgeois a terminé aux urgences du CHL.
Après une batterie de tests (scanner, IRM), le verdict est tombé. Et il fait peur : «Ils ont diagnostiqué une thrombose cérébrale ainsi qu’une thrombose du nerf optique.» En clair, il a fait une sorte d’AVC.
Heureusement pour lui, il a été détecté assez tôt : «Ça aurait pu être beaucoup plus grave si les médecins l’avaient découvert plus tard», confie l’athlète, qui a échappé à l’opération mais a été hospitalisé pendant plus de deux semaines.
Les causes de son mal ? Les avis divergent : «Certains évoque une déshydratation due au cumul des courses et du sport en été. D’autres parlent de malchance.»
«Maintenant, je dois être patient»
Traité par des médicaments, notamment un anticoagulant, il va voir sa thrombose cérébrale disparaître au bout de deux semaines. Reste encore le problème au nerf optique, pour lequel il est également traité, cette fois à coups de cortisone, notamment : «Pour le moment, je n’ai pas recouvré ma vue à droite mais ça revient tout doucement.»
La bonne nouvelle, c’est que cette mésaventure ne devrait finalement pas lui laisser de séquelles : «C’est ma pire course et ma plus longue que j’ai commencée il y a trois semaines. Le processus est long. Maintenant, je dois être patient mais c’est mon point faible», sourit le Luxembourgeois.
Forcément, cet événement est du genre à entraîner une remise en question : «Je vais récupérer complètement. Mais maintenant, c’est à moi de me poser la question de savoir si je veux poursuivre sur ce niveau ou si je mets le pied sur le frein. Ce qui est sûr, c’est que pour le moment, je pense un peu à moi. Je vais profiter d’être avec Tanja, ma copine, et on verra par la suite.»
S’il se sent bien physiquement et avoue que «les premières semaines, je ne pensais pas au sport mais maintenant, ça me démange», David Claerebout, qui pourrait sortir de l’hôpital avant la fin du week-end, est surtout fragile psychologiquement : «C’est ça le plus dur. Sans Tanja, ça aurait été encore plus dur.»
Reverra-t-on prochainement David Claerebout dans l’un de ces défis qui repoussent toujours plus loin ses propres limites? Pour le moment, la question ne se pose pas. L’heure est à la récupération pour l’employé au centre de rééducation au Rehazenter.
Romain Haas

Updated: 16/11/2019 — 20:26